Seconde histoire - Ma mère cette perverse – Part 18
Longtemps avant... Des échanges soutenus avec des amis enivrés l'avaient ramené au fil des heures face au mur gravé de sa mémoire. Une tragique décision qu'il avait prise à l'orée d'un bois une fin de journée automnale. Sculptée dans le marbre de son hippocampe. Puisqu'il n'avait pas réussi à trouver son chemin de vie, son chemin d'amour et avait perdu le sens de sa trajectoire en multipliant les faux pas et les chemins de nulle part. Il installa une croyance indiquant que la pulsion de vie n’avait pas de chemin. Il décida ce soir-là de se "suicider" avec le ou la première venu(e) ! Un suicide amoureux, émotionnel. Et qu'importe ce qu'il ou elle puisse être, penser, vouloir... C'est ainsi que quelques mois plus tard, la croyance définitive encryptée dans sa tête, il se laissa séduire...par Aline.
Eté 1994, elle se retrouva donc seule avec ses filles, après avoir eu raison de cette garde d’enfants devant la justice contre le père. Cela ne dura pas. Les amants se succédèrent en alternance - celui qui assure/celui qui permet la fête -. Jusqu'à l'arrivée de Gilbert qui fut son matador ! Un type pervers, violent et manipulateur ; durant deux années, une descente aux enfers pour ce couple s'effectua sous le regard des filles et dans l'impuissance totale de Richard et des quelques rares ami(e)s d'Aline.
Un jour, la plus grande, jeune adolescente, n'en pouvant plus de vivre à côté de ça, demanda à aller vivre chez son père et raconta à celui-ci les détails du quotidien, les violences sur sa mère, l'ambiance lourde et calamiteuse. La plus jeune confirma mais avec moins de virulence, plus fragile et plus loyale envers sa mère ; plus à l'abri aussi car Aline racontait tout à sa grande de ses déboires, du sexe forcé, des violences…mais épargna la plus petite.
S'en suivit une mécanique juridique qui permit à Richard de mettre ses filles à l'abri et il obtint de justesse la garde totale de celles-ci - la justice des années 90 considérait encore les hommes comme des mauvais pères et les femmes comme des mères/victimes. Il leur était généralement donné la garde des enfants avec un droit de visite minimal pour le père. Durant cette procédure, Gilbert fut emprisonné pour des violences conjugales précédentes. Il était identifié et déjà sous le coup d’une procédure judiciaire engagée par l’une de ses ex-femme-victime. Cela permit à Aline de respirer et de trouver un nouveau sauveteur.
La procédure à l'encontre du père de ses filles fut coûteuse et tomba dans l’esprit de caniveau au point que même la plus jeune des filles prit de la distance devant les mensonges et tracasseries maternelles : chantages émotionnels, explosions de violence, promesses non tenues, altérations de la réalité, inventions, fouilles de leurs affaires, interrogatoires... Elle considérerait ses filles malades, sous l'emprise des manipulations du père et qu'elles devaient être soignées afin d'en être libérées.
Pour finir Lucie et Lisa retirèrent à Aline le statut de maman lui accordant seulement celui de mère en confirmant leur désir de vivre chez leur père qui se maria avec sa nouvelle compagne elle-même maman d'un premier mariage.
D'ailleurs la plus grande des deux filles dit à une amie de son père : “Plus tard, je ne veux pas d'enfant et surtout pas de fille, je ne veux pas reproduire ça !”
Aline rageuse, engagea de nouvelles procédures contre Richard. Ne faisant toujours pas de démarches personnelles pour se faire accompagner psychologiquement voire médicalement. Il fallut attendre la fin de la procédure confirmant la première décision de justice - très rare à cette époque - pour qu'elle commence à se remettre en cause et aille consulter - très peu de temps, en fait, une seule fois. Il n'y a pas plus difficile que de se confronter à soi et à sa trajectoire, surtout quand celle-ci réplique celle de son parent. Elle disait que "ça ne sert à rien les psys, le passé n'existe plus, c'est trop loin, c'est fini."
Aussi ne voyait-elle pas quoi raconter ni même l ‘intérêt de se soigner.
Dans les années qui suivirent, Aline continua son chemin bancal en bonne copie non consciente du modèle maternel. Elle sabota ses deux filles à coups de mensonges, de fausses promesses, de chantages émotionnels, les instrumentalisant pour nuire au père des filles qui conserva leur garde jusqu'à leur majorité.
Majorité qui permit à chacune, l'une après l'autre de fuir pour l’une, d’éviter pour l’autre, le lieu de vie de leur mère. Enfin Aline avait son trophée de "Plus forte que ma mère cette perverse". Elle fut abandonnée et parfaitement victime. Son père et son dernier compagnon décédés, la famille de celui-ci ne lui laissa rien, ayant bien identifié la manipulatrice. Elle continua sa vie entre alcool, tabac, certitudes, avec sa grande sœur comme pilier repère - tout aussi ravagée et ayant perdu le lien avec ses propres enfants –
Sans nouvelles de ses deux filles, elle ne put jamais savoir si son histoire engendra des petits enfants ou si cette lignée fut éteinte…