Seconde histoire - Ma mère cette perverse – Part 17

 

Aline vécu évidemment très mal le dernier message de sa mère. Tout comme sa grande sœur mais elles n'en parlèrent jamais. Elle arrêta le collège et essaya de travailler et de vivre au milieu du regroupement avec son amour du moment. Sa grande sœur y vivait avec son propre compagnon.

La grande fille de Clarisse aussi résidait dans le groupe avec un compagnon. Cet ensemblier humain fait d'enfants, de jeunes adultes, de deux adultes, somme toute un peu égarés, semblait ne pas avoir beaucoup de repères et se fabriqua ses propres règles du jeu, sa propre logique, un peu décalés des règles sociales et des raisonnements logiques partagés par le plus grand nombre - ce qui serait de nos jours rapidement suivi par des travailleurs sociaux - Ils ne vivaient pas en autarcie mais de travaux divers, non déclarés, de petites malversations, de rapines matériels et “émotionnels”.

Mais aussi, de rapprochements amoureux incestuels souvent... on est entre soi… incestueux peut-être… et de passages à l'acte destructeurs de confiance fraternelle ou semi-fraternelle : avec les enfants de Clarisse.

Le groupe s'éclata en petites tribus qui se retrouvaient lors des difficultés et tout était prétexte à festoyer. La moindre chose était source de retrouvailles, les anniversaires, les fêtes patronymiques, les événements et commémorations officielles, les naissances bien sûr, les moindres réussites professionnelles de ceux qui travaillaient...

Les filles, jeunes adultes, tentèrent de vivre avec leurs compagnons tandis que Jacques accueillit chez lui son nouveau beau-père vieillissant, légèrement handicapé ressemblant à la vieille de "ces gens-là" façon Brel, non pas qu'il ait eu l'oseille, mais personne ne s'occupait de ce que ses maigres paroles susurrées ou ses mains racontaient. Puis, plus tard, ils ouvrirent leur antre à un nouveau troupeau familial, des vieux amis dans la galère : pas moins de six personnes. Clarisse et Jacques ne travaillaient pas recevant les aides sociales - enfants, personnes handicapées à la maison -. Quand le père de Clarisse décéda, celle-ci trouva un peu de travail, mais Jacques n’en chercha jamais, sauf un peu contraint par le système pour donner le change – telles formations socioprofessionnelles écrans – afin de continuer à percevoir les aides sociales.

C'est avec ces modèles là et ce creuset qu'Aline se construisit, jusqu'au jour où elle rencontra le futur père de ses filles sur son lieu de travail où elle était cariste. Elle vit en lui un sauveur, capable d'assurer le quotidien, travaillant dans un univers valorisant, il était consultant en sécurité du travail pour un important groupe RH basé à Besançon. Richard se déplaçait sur la zone Est-Nord-Est de la France jusqu'au Luxembourg et la Suisse. Elle le mit sur un piédestal et naïf il succomba. Elle le suivit à Épinal où ils habitèrent un appartement très spacieux pour deux.

Avec un quotidien fluctuant et disharmonieux, il résistera quelques années connaissant l’histoire de sa compagne, avant d'accepter un premier enfant - une fille qu'ils nommèrent Lucie - puis cinq ans plus tard, une seconde fille, Lisa.

Souvent, il demanda à Aline d'aller se faire soigner pour le traumatisme subit et la violence des conditions de la mort de sa mère ; peut-être aussi afin de quitter ses représentations familiales pathogènes. Elle n'en fit jamais rien, arguant ne pas vouloir revivre ça et que le temps lui ferait oublier. Il ira jusqu'à l'emmener sur la tombe - à priori anonyme - de sa mère afin qu'elle la retrouve symboliquement.

Puis il décida de partir, finalement excédé devant son fonctionnement quotidien, sans s'éloigner de ses filles, après une très longue réflexion… de dix ans.

Durant cette décennie, Aline a en effet multiplié les rencontres, conquêtes joyeuses et festives, faisant descendre du piédestal le père de ses enfants, tout en l'utilisant pour compenser ses manques infantiles. Certains auraient pu dire que Richard avait la ramure d'un très vieux cerf, tellement il semblait qu'elle l'avait souvent trompé réellement et/ou symboliquement. Au point que des hommes se vantaient sur la place publique de l'avoir eue dans leurs lits plusieurs fois.

Richard avait eu, durant ces dernières années de vie commune, tout le loisir de toutes les soirées pour réfléchir à sa place. Père, il avait effacé le rôle d'homme devenu dérisoire et obsolète pour se consacrer à ses filles. Il en avait même perdu les liens avec sa propre famille pourtant proche sentimentalement et géographiquement. Il en avait aussi oublié de maintenir les liens amicaux sans en créer de nouveaux.

Pour quoi faire et dans quel intérêt ?

L'introspection l'avait amené à se souvenir de toutes ses compromissions et à comprendre les méandres suivis par son être durant cette soumission fatale. Surtout, il se souvint de la décision…