Première histoire - Et mon gentil grand-père devint une bouse Part 09

 

Mamy est chargée de l'intendance et papy occupe le canapé du salon avec ses journaux et sa télé, sans freiner l'amusement des filles mais sans rien ajouter au programme, comme s'il leur en voulait, à elles, de n'être pas plus présentes dans sa vie. On dirait qu’il s'ennuie tout le temps, il est triste, fatigué, pénible et pas que le matin. "Il n'est pas très câlin ce grand-père" se disent entre-elles les filles, ni avec mamy Valentine, ni avec maman, ni avec nous...”on dirait qu'il en veut à tout le monde !” Heureusement qu'Albert compense en présence et en affection. Valentine semble finalement au fil des jours très affairée dans sa maison et laisse son père s'occuper des filles tant qu'il n'est pas en sieste ou au bistrot. Elle est agréable et chaleureuse mais pas si câline que le premier jour. Finalement, aux yeux des filles, Albert apparaît comme le chef de famille, le patron de la maisonnée. Bien que très vieux, il a plus de vitalité que les deux autres. Son corps s'affaisse, il n'en fait pas tout ce qu'il voudrait mais il tente d'en jouir au maximum. Pour le moment, il a réussi - ou bien il a eu la chance - à éviter les maladies et les hospitalisations.

La première semaine se passe bien. Il fait plutôt beau pour ce début de printemps avec une fraîcheur matinale qui réveille les demoiselles avant leur journée active. En fait, à partir de la fin de la matinée, le temps que les vieux corps des aïeux se mettent en route, elles accompagnent Valentine faire quelques courses au village, le pain, des viennoiseries pour finir le petit-déjeuner avec les hommes, tandis qu'Albert prend le temps de se lever tranquillement, et que papy s'affaire un peu dans son jardin ou bricole dans son garage. Après le déjeuner, c'est balade et jeux dans le parc. Avec arrêt à la boulangerie du village pour quelques friandises voire le goûter, en gâteaux frais. Éventuellement, il y aura un arrêt au bar « du centre » ou à celui « des sports » afin qu'Albert salue ses amis, fidèles piliers des vieux troquets du village. Fin d'après-midi, c'est piscine dans le gros machin en plastique bleu gonflé que papy Roger et mamy Valentine ont installé dans le jardin.

Le vendredi soir, les filles retournent avec Lorette chez elles retrouver le père qui, s'il n'est pas arrivé, ne devrait pas tarder. L'ambiance n'est pas festive, Lorette est fatiguée, et quand Georges, leur commercial de père arrive, son visage ne rayonne pas de plaisir. On dirait que ça l'ennuie de rentrer chez lui. Du coup, les filles attendent lundi matin...en s'ennuyant ferme tout le week-end.

Enfin arrive la seconde semaine qui s'amorce à l'identique de la première. Même rythme, mêmes personnages et mêmes fonctionnements. Elle va se dérouler comme l'autre et le vendredi suivant, tout le monde reprend sa place en attendant peut-être les prochaines vacances en famille. Valentine remercie sa fille de sa confiance et de ces deux semaines. Les hommes sont absents et vaquent chacun à leurs occupations au moment du départ des filles et de Lorette. Elle s'en fiche, c'est à sa mère qu'elle a confié ses filles, pas aux deux autres et elle n'a pas grand-chose à leur dire. Juste cette déception qu'elle imagine pour Manon et Laure qu'elles ne puissent pas leur dire au revoir là, maintenant mais cela a peut-être déjà été fait, ce que confirmeront les demoiselles.

Le week-end se passe de nouveau avec un père aussi distant qu'à l'ordinaire, il ne vivrait pas sous ce toit, ce serait la même chose. Pas d'attention pour ses filles, c'est comme s'il les voyait comme des objets habituels, posés autour de lui et dotés d'une capacité de mouvement, d'autonomie mais dont on ne saurait quoi faire réellement. Pas d'attention non plus pour sa femme, plutôt objet usuel et utile, quand son sexe demande sa pitance. Cette première expérience se passant bien et tout étant apparemment facile et aisé pour tous, Lorette va faire quelques économies en laissant ses filles chez ses parents durant les grandes vacances d'été. Elle vivra le même rythme, et ses enfants aussi. Les aïeux sont d'accord bien au contraire. Il n'y aura pas de souci. En juillet et les deux premières semaines d’août, Laure et Manon seront la semaine chez papy et mamy et le week-end à la maison. Après ça, mi-août, pour cette année, ils partiront au bord de la mer en famille, les filles, Georges et elle.

La période de grandes vacances est lancée pour deux mois comme les deux semaines des précédentes vacances. Le mois de juillet est mauvais, il pleut souvent, bref, il fait moche. Le vent est puissant. Laure et Manon vont le passer quasiment enfermée en permanence. Ce ne sont pas les vacances rêvées pour deux petites filles. La piscine ne sert à rien. Ça sera un peu mieux début août et la canicule le reste du mois sauf à la fin où les pluies reviendront. Quarante degrés dans le Médoc où ils vont passer deux semaines dans un camping près de Soulac. Lorette se demande si le choix de Georges - c'est lui qui a enfin organisé des vacances, c'est à marquer dans les annales de la famille - n'est pas d’être proche de Montalivet avec ses zones de culs nus...ce serait bien son genre à ce gros dégueulasse d'aller mater... et de se….