Les flux tumultueux d’un fleuve familial – Part 02

 

Introduction aux quatre flux traumatiques 1/2

Pour écrire « En remontant le fleuve » mon premier roman sorti en décembre 2018 chez Itinéraires Éditions, j'ai utilisé plusieurs histoires de famille. Vraisemblables, elles sont quelques trajectoires de vie inspirées par mon expérience clinique. Si pour les besoins de la fiction la forme est romancée, le fond transgénérationnel de chacune des histoires présentées est véridique. L’ensemble, inscrit dans dix générations d’un seul « fleuve familial » aux parcours chaotiques, douloureux, dramatiques, aux lignées faisant violences souvent aux plus jeunes. Chacune raconte une facette de ce mal que je nomme familièrement flux traumatique, une expression du traumatisme qui s’illustre dans quatre grandes directions : subir, faire à, se faire à soi-même, observer.

Dans le roman, je n’ai laissé que des pièces du puzzle utiles au déroulé du texte, des extraits des parcours familiaux, les éléments nécessaires à la réalisation de l’histoire. Je les propose ici déployées telles qu’initialement pensés mais le texte du roman en aurait été alourdi et sûrement beaucoup trop laborieux à lire. La première version du projet ressemblait d’ailleurs à un mélange, du roman « En remontant le fleuve » et de mon « Petit traité de SexoAnalyse TransGénérationnelle » sorti en octobre 2020 aux éditions Itinéraires. Le projet était original mais à priori in-éditable en sa forme initiale.

Cela n’était ni vraiment une fiction ni tout à fait un exercice théorique. J’ai fait le choix de clarifier le premier opus en racontant une histoire morcelée dans un premier temps puis de produire du sens dans un essai plus théorique et enfin de revenir raccrocher les pièces du puzzle manquantes avec cette apostille.

Il s’agit, au fil de mes écrits récents (ouvrages et articles en ligne) et de ceux en travaux actuellement, d’illustrer les manifestations de troubles qui se répètent de génération en génération après un traumatisme non résolu. C’est à dire, non parlé, non partagé, non nommé ni apuré. En l’absence de justice familiale, symbolique, ou encore du groupe social, il entraîne des répétitions, des répliques… des troubles et des souffrances qui se transmettent. 

En transgénérationnel on parle de « fantôme », ailleurs on parle de loyauté, de dette ou encore de mandat. Mais cela recouvre une même idée, celle de transmission d’informations au sein des familles. En étudiant et en analysant ce phénomène et sa trajectoire, on doit pouvoir trouver l’épicentre du drame familial ainsi que le message (non conscient) qui est passé d’une génération à la suivante.

La dynamique des fantômes transgénérationnels, ici un par famille (ce qui est rarement le cas car il y en a souvent au moins un par lignée de troisième ou quatrième génération soit de quatre à huit messagers), aboutit à une espèce de réplique, une forme de bégaiement du vécu des anciens plus ou moins proche dans sa manifestation du traumatisme initial. Cela peut en être une expression plus lointaine, symbolique, faisant appel à ce dernier en écho, de forme et d’intensité différentes.

Tout ce qui s'y rencontre autant que se raconte est fréquemment autant que longuement présenté dans la littérature « psy » ainsi que celle du développement personnel. Je l’ai ainsi exposé à ma manière dans le petit traité de SATG. C’est évidemment relaté en psychogénéalogie et en analyse transgénérationnelle mais aussi en thérapie familiale systémique dans la lecture et l'analyse des arbres transgénérationnels, des arbres de vie, des génogrammes et des génosociogrammes.

Le Ben’s Blues Bar de Blois qui a inspiré le Jean’s Blues Bar de Charmes © cliché Dominique Bruyneel

 
Alexis Lebron