L’EMDR : un outil pour une intimité renouvelée
Des outils pour la santé sexuelle du couple
La personne troublée dans sa vie romantique et sexuelle ne trouve quelquefois pas le chemin d’un mieux vivre, entravée par des répliques de mal-être, de baisse de désir, d’intérêt pour les plaisirs et tout particulièrement pour ce que son corps en solitaire ou dans le partage avec l’autre pourraient lui offrir.
Le couple, engoncé dans son quotidien, dans les réseaux, dans sa parentalité, dans ses charges mentales diverses et si médiatiquement rabâchées, ne trouve lui non plus pas souvent le chemin d’un renouveau plaisant, en oubliant les bases relationnelles qui l’ont constitué.
Les spécialistes de santé, les différents courants psychothérapeutiques et leurs outils, les méthodes si variées et colorées du développement personnel ne permettent pas toujours d’effectuer les changements nécessaires au mieux vivre, au mieux-être, à la quête du plaisir et du bonheur. Ou temporairement ajoutant de la frustration et du désenchantement.
Souvent, quelle que soit la technique ou l’approche proposées, le suivi et les consultations sont fructueuses en qualité retrouvée de vie intime et romantique. Pourtant il n’y a rien de systématique dans l’accès au changement car chaque histoire et chaque trajectoire de vie sont uniques. Chaque couple trace un chemin original bien que plusieurs lui sont possibles. Aussi, quelquefois, ça ne « marche » pas ou bien on n’arrive pas à se « bouger ». Pourquoi ? Comment se fait-il que le conseil amical ou familial, le cachet, le protocole, la méthode, la consultation, la magie annoncée, promise, achetée, ou volée ne fonctionnent pas avec soi, avec cette personne ou ce couple ?
Des freins dans la vitalité intime
On peut lister un certain nombre de freins naturels qui souvent sont « travaillés » en thérapie de couple ou en suivi individuel (médical ou non) pour lesquels on doit pouvoir trouver, plus ou moins facilement, des solutions et des corrections, voire des chemins d’amélioration :
La fatigue physique – La fatigue morale (croyances négatives) – Une (des) croyance(s) sur le climat sociétal – La charge professionnelle – La charge parentale – Une dysphorie corporelle (ne pas aimer une partie, plusieurs ou la totalité de son corps) – Les suites d’une pathologie ou chirurgie – La perte d’un être – La perte du couple (désamour, adultère, usure non maîtrisée, violences intrafamiliales) – Une addiction – La précarité (dettes, perte d’emploi, retraite) – Une déficience…
On pourrait en trouver d’autres et le cumul est fréquent évidemment, empirant les processus délétères à l’œuvre. Les troubles de la vie amoureuse et intime ont très rarement une cause unique. Et puis il y a ces situations qui ne se déverrouillent pas ou ne se rangent pas. Pour ces dernières on peut s’attendre, et sans inventer de faux souvenir, qu’il y ait dans le chemin de vie un ou des « accidents », occultés à priori, déniés peut-être, du moins non regardés comme des entraves qui sont des épines dans le pieds de l’individu ou du couple.
C’est ici que la technique EMDR peut ouvrir le chemin à un changement après avoir réinterrogé le fil des événements positifs et négatifs sur la ligne du temps de chacun. On y trouve systématiquement des endroits source de croyances négatives, creuset ou forge à mal-être en soi et dans le monde qui entravent notre liberté. Qui empêche notre soi d’ exister et de se réaliser. Et de fait, qui parasitent la relation avec l’autre si proche, et les autres en dehors du couple.
La méthode E.M.D.R
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), soit la désensibilisation et la reprogrammation par les mouvements oculaires. Sans gloser sur les origines de la technique, bien plus anciennes que ce que racontent les américains de l’école Shapiro, l’effet thérapeutique de la bilatéralité est aujourd’hui largement confirmé et dûment évalué scientifiquement, contrairement à toutes les autres approches de développement personnel et à la plupart des techniques psychothérapeutiques.
Cette méthode se décline en visuel (suivi de mouvement de doigts ou de lumières), auditif (alternance de son dans chacune des oreilles) et kinesthésique (touchers en « tapping »). Des protocoles spécifiques sont mis en place pour les enfants. On pourrait imaginer utiliser les autres sens olfactif, gustatif et intuitif mais les protocoles sont compliqués à imaginer autant que mettre en œuvre. Elle consiste à utiliser le mouvement répété, assez rapide, bilatéral, en fixant l’attention sur un certain nombre de « cibles » émotionnelles, cognitives, imagées ou entendues qui ne sont pas « rangées » dans la mémoire et font effraction contextuellement ou quotidiennement.
L’idée est que lors d’un évènement intrusif pour la personne, surtout enfant, lui faisant violence au risque du trauma, le système neurologique, trop jeune et/ou sidéré n’arrive pas ou plus à enregistrer et traiter l’évènement. Les informations contextuelles reçues sont dispersées, fragmentées voire enfermées dans une amnésie traumatique qui suinte ses miasmes d’une souffrance jamais éteinte. Dans ces moments douloureux souvent, l’enfant principalement, pose des croyances et construit des défenses utiles au moment, qui deviennent des entraves relationnelles, amoureuses et sexuelles, des dizaines d’années plus tard.
Soi, ses racines et le couple
En cherchant les événements sources, il n’est pas impossible de se trouver devant des transmissions transgénérationnelles que l’on porte avec soi et dans le couple. L’EMDR peut traiter la dynamique transgénérationnelle, pas l’événement source qui appartient à l’aïeul le plus directement concerné. Par contre, la dynamique transmise dans l’inconscient familial et peut-être d’une manière épigénétique (les études actuelles commencent à l’entrevoir), peut servir de cible à la technique EMDR. En effet, si le chemin de vie n’a rien éclairé de pertinent quant au(x) trouble(s), réaliser un arbre de vie transgénérationnel (ou génosociogramme pour la psychogénéalogie) peut ouvrir des voies sauf dans le cas d’amnésie traumatique.
La réalisation de soi pour le renouveau du couple passe quasi obligatoirement par le rangement de tous les tiroirs malheureux que nous laissons, les uns et les autres, ouverts par la force des choses ou par négligence au fil du temps. L’analyse de ces moments « non rangés » ainsi que des racines générationnelles éclaire toujours des « cibles » plus ou moins précises que l’EMDR aidera à réorganiser puis ranger. Rien n’est jamais effacé. Aucune souffrance ne disparaît jamais. On n’oublie pas le mal qu’on nous a fait. On met en mémoire l’événement et on apprend à vivre et faire avec ce qu’on a fait de nous. C’est un zest existentialiste comme propos mais la vie est courte, unique et mérite d’être parcourue sereinement et avec des plaisirs.
En précisant pour finir que les séances d’EMDR (en ce qui me concerne) sont plus longues qu’une séance habituelle de 45 mn et qu’elles durent 1h30 (donc plus coûteuses) sauf les quelques séances préparatoires tout à fait classiques dans leur format. Elles peuvent s’effectuer en visio (distanciel) même si il est toujours préférable de travailler les traumas en présentiel.
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