Genre, orientation et sexualité

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La question du genre comme celle de l’orientation sexuelle dans la vie intime du couple, dans sa vie amoureuse et sexuelle ne se posent pas fréquemment ou plutôt pas ouvertement souvent par pudeur, méconnaissance ou honte.

A l’heure d’une médiatisation des expressions d’identité de genre, du questionnement réel ou opportuniste chez des enfants et les adolescents, ces thèmes importants voire vitaux de la vie de chacun doivent être abordés dans le couple.

Mais que représentent vraiment les identités de genre ?

L’acceptation sociale des différentes orientations sexuelles semble effective mais reste fragile comme en témoignent les revirements de certains pays européens, la Pologne et la Hongrie principalement (pour rester en Europe) qui reviennent sur des positions ancestrales homophobes et transphobes, poussées par les religions et la peur de la différence.

Que sont donc ces diverses orientations ?

De quoi parle-t-on vraiment ?

Pour tous, l’identité de genre c’est vivre sa place au monde, ce qui n’a rien à voir avec le sexe biologique ni avec le sexe administratif assigné à la naissance. On se vit femme (cis*, intersexuée** ou trans***), homme (cis, intersexué ou trans) ou neutre (non-binaire****). Cette trilogie de genres est identifiée depuis l’aube des civilisations humaines et apparaît dans toutes les mythologies comme dans de nombreuses cultures traditionnelles bien avant le mouvement LBGTQIA+ (*****)

Cisgenre = vivre le genre correspondant à son sexe de naissance

Intersexuel = ambiguïté de naissance (il y en a de nombreuses dont l’hermaphrodite porteur des deux attributs biologiques apparents) qui amène dans une naissance sur mille à un choix de sexe risqué (opération chirurgicale) mais contraint par l’administration (chez nous).

Transgenre/transsexuel = vivre le genre qui ne correspond pas à celui assigné à la naissance avec une transition (administrative et physique) faite d’opérations médicales et chirurgicales.

Non-binaire = vivre sans se sentir spécifiquement femme ou homme.

LGBTQIA+= lesbien, gay, bi, trans, queer, intersexe, allié et tous les autres

Pour tous encore, l’orientation sexuelle c’est vivre ses amours et sa sexualité en hétérosexualité, en homosexualité, en bisexualité (l’un et l’autre vont bien), en pansexualité (pas de préférence sinon l’être en face et à côté de soi qu’il soit « cis, trans ou intersexué », valide ou non) ou en asexualité (pas de sexualité, ce qui est différent du « nosex » prôné par les activistes religieux).

Les combinaisons sont alors nombreuses avec des équations colorées qui autorisent il/iel/elle à exister avec leur être profond dans le contexte socio-culturel qui les environne. Les sciences convoquées pour expliquer ces genres et ces orientations confirment toutes les positions de vie, que seules la religion et la peur réfutent. Et ce n’est pas un effet de mode même si la visibilité actuelle et la médiatisation peut le laisser croire. Cela a toujours existé.

Le couple naissant

Quels opportunité ou problème peuvent alors apparaître pour les couples ? Tout d’abord lors de la phase de séduction, il n’est pas impossible de se sentir attiré par une personne qui se révèle trans ou intersexuée. Son corps aura été totalement transformé, ou pas entièrement ou encore pas du tout. Mais les ressentis et les sentiments n’y sont en rien changés. L’amour n’est pas associé à la forme mais à l’être. Bien sûr, les fantasmes et l’imaginaire érotique qui se sont construits durant l’adolescence dans une structure familiale spécifique avec des transmissions transgénérationnelles particulières n’autorisent peut-être pas spontanément l’érotisation.

Mais tout cela peut changer puisque c’est une construction. On peut apprendre l’autre et ses particularités, son originalité et partager la découverte d’un nouveau territoire. C’est exactement la même démarche que de tomber amoureux d’une personne en situation de handicap (plus ou moins visible) qui demande de prendre en compte l’être avant sa forme. Ou bien d’une personne sortant d’un parcours médical compliqué (accident, pathologie) laissant des séquelles. Le changement de regard fait qu’on peut arriver à percevoir l’être avant ce qui l’entrave, l’invalide et l’aimer puis le désirer.

Le couple constitué

Ensuite, le conjoint peut aussi faire un coming-out (d’orientation ou de genre) au cours de la vie commune. Car combien de personnes se découvrent ne pas être à la bonne place, en genre ou en orientation, après des années de vie dite « normée » parce qu’ils/iels/elles se sont crus anorma(ux)les (éducation, normes, religion, représentations sociales, valeurs familiales…). Combien le font après avoir été parent ?

La complexité est énorme qui contraint dès lors le conjoint à changer en lui son rapport amoureux, sa relation au corps (voire d’une certaine manière son orientation sexuelle…). Ce qui va lui faciliter la tâche est que les expressions amoureuse et sensuelle de l’autre qui ont « bougé », elles, ne changent pas, avec en supplément (un « plus ») de profondeur et en sincérité car elles correspondent désormais à la réalité de l’être. Néanmoins, quand on a aimé, caressé un corps pendant des années, et joui avec, la confrontation à ce « même mais autre », « pareil mais différent », fait qu’on peut s’exposer à un mal vivre risqué pour le couple. C’est encore plus compliqué quand il y a des enfants. Les petits ou ados qui ont été habitués à un parent peuvent aussi refuser le changement (plus les ados que les tout petits d’ailleurs).

D’autres combinaisons

Apparaissent (ou réapparaissent) ces derniers temps avec la bisexualité et la pansexualité, les notions de « trouple » ou de « polyamour ». Néologismes pour signifier la possibilité de vivre une belle histoire d’amour ainsi que des échanges sexuels à trois ou avec plusieurs personnes de front (sujet à part entière). Cela n’a rien à voir avec le libertinage (autre sujet qui peut devenir compliqué pour les couples suivant le niveau de consentement de l’un et de l’autre).

Enfin, la prise de conscience peut être cachée au point de « pousser » celui/ciel/celle qui se vit autre, à faire des expériences en dehors du couple. D’un côté il y a protection de la construction antérieure pour ne pas faire de mal, pour ne pas blesser l’autre et maintenir le projet de vie ou bien encore pour ne pas briser une famille. Mais quelle culpabilité ! Combien de temps cela peut-il tenir ? La question de la séparation n’est pas une mauvaise solution lorsqu’il semble impossible pour le/la conjoint(e) d’accéder au changement. De la même manière parce ce qui vit au plus profond de nous n’a pas à être refusé au nom de la difficulté de l’autre ou des autres à l’accepter. La vie est trop courte et fragile pour ne pas être pleinement vécue (dans l’idéal).

Thierry Bunas