9 mois plus tard en février 2021

 

(Maj de « 9 semaines ½ au printemps 2020 »)
Texte initialement proposé en ligne le 05 mai 2020 9 mois plus tard en février 2021


Nous allons avoir vécu presque 10 semaines de réel confinement et une année en couvre-feu-confinée partiel. Cela n’a pas pu laisser indifférent ni le fonctionnement amoureux et intime des couples, ni celui des célibataires, ni l’équilibre des familles dans sa relation aux enfants. Certains continuent leur chemin indemnes, parfois renforcés ou légèrement affaiblis, d’autres sont épuisés voire explosent (les violences intrafamiliales et conjugales ont toutes augmenté), certains encore se recréent grâce à ces temps faussement « offerts ». Les 9 mois passés, dont 9 semaines et demie initiales qui sont loin d’évoquer le scénario du film érotico-glamour de 1986, mettent au monde des réalités parfois inattendues.

I) Mise en valse des confinements, distanciations et couvre-feux

Il y a généralement un équilibre dans les couples et dans les familles. Un équilibre souvent fragile avec ses réserves, ses ombres, ses difficultés et ses ressources. L’homme et la femme ont su ou bien peinent encore à trouver une harmonie amoureuse et intime. Souvent, la parentalité ou le professionnel ont phagocyté une partie plus ou moins grande de l’espace-temps. La plupart des couples-parents négocient et troquent des moments entre leurs identités afin de se retrouver et ne pas perdre le lien sensuel et sexuel. Tous n’y arrivent pas malheureusement.

Objectif attendu : « être ensemble ».
Les semaines d’enfermement, les distanciations sociales et les contraintes horaires imposées par les couvre-feux sont sujettes à de nouveaux liens, au renforcement de ceux existant, à de la créativité amoureuse, de l’inventivité sensuelle et érotique, du rapprochement parental avec les enfants peut-être.

Mais elles sont aussi la porte ouverte à la sortie de démons, des forges à violences conjugales et sur les enfants. Les irritants quotidiens deviennent des fabriques à désamour et à stress. Car ne vivre que pour travailler (dehors ou chez soi) et rentrer dans son espace de vie sans autre possibilité de lien, ni social-familial étendu ni de culture (ou encore de loisir-sport) fait surgir l’ombre de soi pouvant occulter la lumière de l’être.

Et que dire à ses enfants qui ne voient plus les visages des autres, qui ne peuvent plus jouer ensemble, à ces bébés arrivant dans un monde masqué…une épouvantable et aride mascarade ?

II) Le foyer stressant

La promiscuité quasi-contrainte partout dans le monde a fait apparaître l’augmentation des violences conjugales (30 % en France durant les quatre premières semaines en 2020) ainsi que les violences intrafamiliales sur les enfants (maltraitances, Violences Educatives Ordinaires). Les victimes sont bloquées avec leur bourreau. La surenchère médiatique paranoïde et cacophonique a altéré la capacité à se préoccuper sereinement du monde, laissant les réseaux sociaux et les bas-instincts assombrir les esprits.

Observations quotidiennes
Ce qui devient visible, que la vie quotidienne occultait, sont les différences de visions du couple du fait des structures familiales originelles. Les inégalités peuvent devenir criantes face aux tâches domestiques et à l’école à la maison (premier confinement). De vieux conflits non réglés vont ressurgir de l’ombre. Des frustrations antérieures du quotidien peuvent filtrer dans le présent. Le manque de socialisation et d’entretien des liens familiaux vont achever le tableau « charge mentale » générant la perception d’« irritants » dans les gestes, bruits et comportement de l’autre. La peur du lendemain, de l’autre et les incertitudes générées par une gestion chaotique de la crise sanitaire entravent irrémédiablement les chemins de vie.

Observations médicales
Le monde médical observe l’augmentation de prise de psychotropes parce que les angoisses et idées noires explosent, de toxiques addictogènes et de médicaments, d’alcool. Mais aussi les formes d’évitement que peuvent être le sport individuel, le web, les jeux numériques, le télétravail (quand cela glisse dans l’excès évidemment).

Observations analytiques
Le confinement contraint, stressant, asphyxiant peut être le lieu de réapparition ou d’apparition de ce que nous nommons en Transgénérationnel des « fantômes » qui sont des loyautés, des mandats, des missions induites par l’histoire familiale. Observations sexologiques Tous les troubles de la sexualité vont se cristalliser durant cette période s’ils ne sont pas déjà pris en charge. En espérant que celle-ci, les programmes de suivis et d’exercices ne soient pas altérés par les conditions matérielles imposées durant la période. Les mémoires traumatiques tendent à lever l’amnésie. Elles émergent et racontent ! les souvenirs douloureux envahissent l’espace mental… bien « boostés » par les relais médias.

Points presque « positifs » que l’explosion des ventes de sex-toys car les jeux érotiques et le plaisir sexuel, l’orgasme, restent toujours un puissant anxiolytique naturel. Ainsi que le déferlement des témoignages, ouvrages et articles sur l’inceste…pas encore l’incestuel, qui portent la genèse d’une nouvelle loi autours du consentement.

III) Schéma du cheminement en arbre de vie

IV) Mais 9 mois et 9 semaines et demie de créativité

Talents en durée
La durée semble correcte pour avoir développé un talent amoureux, érotique et sexuel si on ne l’avait pas déjà, ou peu développé. Elle est convenable pour avoir expérimenté de nouvelles compétences (savoir-faire, savoir et savoir-être) associés. Elle est suffisante pour avoir dépoussiéré d’anciens talents oubliés au fond du placard en soi, et pour commencer à partager une joyeuse créativité amoureuse en testant ou en revitalisant ceux-ci.

Cueillette de ressources
Chacun peut trouver en soi matière à développer son imaginaire érotique grâce à sa mémoire, à celle des anciens et aux artistes de l’érotique. Il sera d’autant plus fourni que les deux participent à cette exploration. Et encore plus fourni si on range fréquemment les identités parents dans leur espace dédié. Cela étant, le Web regorge de belles propositions, trouvailles ou expériences inspirantes.

Les professionnels de la sexologie, de la sexothérapie et de la sexoanalyse sont restés et restent disponibles pour ce « travail » en soi et dans le couple.

V) Les fantômes s’expriment

Déconfinement des fantômes
Ce qui me vient à l’esprit en évoquant la période que nous traversons est qu’il existe 5 types de fantômes pouvant être plus particulièrement stimulés ou vivifiés parmi tous nos fantômes familiaux (deux lignées, 4 grands-parents, 8 arrière-grands-parents, … faire le compte des possibles...mais tous n’ont pas transmis de la misère, heureusement)

Fantômes d’enfermement
Tout ce qui a rapport à la prison, le blocage, l’impuissance, l’obligation de ne pas faire et de ne pas bouger, les camps de concentration, les camps de travail, les institutions médico-sociales, les mariages forcés…

Fantômes de fuite
Tout ce qui raconte l’évitement, les drogues et toxiques, le sport et le télétravail quand ils sont excessifs, la déprime et la dépression...l’émigration aussi.

Fantômes de maltraitance
Les violences familiales, conjugales, VEO, jalousie, sadisme et masochisme, certaines paraphilies…les violences sexuelles évidemment avec inceste ou incestuel ou sans.

Fantômes de contrainte
Le travail forcé, esclavage, le chantage, la guerre, le contrôle et la surveillance, les mutilations sexuelles…

Fantômes de perte
Tout ce qui évoque la chute, l’abandon, l’avortement, la fausse-couche, les divorces, le licenciement…

VI) Des solutions à vivre

Chaque couple a une puissance de vie unique entre ses quatre mains (dans son histoire singulière autant que dans ses origines réciproques, dans sa mémoire, dans ses inconscients), il a aussi les signaux qui peuvent l’orienter à renouer la communication en cette période afin d’éviter un désastre voire au mieux de se renforcer.

Il est nécessaire quand la vie amoureuse et intime est altérée par ce genre de contexte de faire appel aux anciens en nous car ils ont vécu souvent des situations similaires (ou pires) et ont des « conseils » et des idées « lumineuses » à proposer (c’est de l’intuition personnelle, pas un message enregistré dans un cloud mental ou spirituel). Ce fond est inscrit dans notre inconscient familial et personnel.

Aussi faut-il faire confiance à sa pulsion de vie, réentendre la petite mélodie de l’amour pour cet autre qui est là devant soi et l’aimer passionnément. La vie est unique. Le contrat relationnel conscient est à mettre à jour. Quant au contrat relationnel non conscient, qui s’enracine dans les lignées de chacun il est à dévoiler avec l’aide d’un tiers légitime.

Il est important et nécessaire de se faire accompagner dès lors que la fatigue s’installe qui obère la possibilité de communiquer et se relier à l’autre.

VII) Déconfinement de nos amours

Parce que réalisé toujours sous contrainte, précocement selon le champ de la santé, la sortie du premier confinement, les re-confinements suivants, les contraintes horaires, les distanciations imposées, les mascarades, les interdictions culturelles, les craintes économiques individuelles risquent de ne pas renvoyer-refouler instantanément les fantômes dans leurs cryptes.

Bien au contraire, il est à craindre que tout ce qui permettait l’équilibre antérieur du couple ne sera pas réhabilité, laissant les missions et dettes familiales actives. Cela peut devenir une chance pour un mieux vivre…

Les couples doivent être vigilants l’un à l’autre et ne rien laisser en suspend de leurs attentes amoureuse et intime.

Le principal déconfinement est celui de l’amour pour soi, pour l’autre qui est là et de se mélanger intensément dans l’ici et maintenant.